Si le producteur Clément Durand a choisi de rhabiller d’obscurité les falaises crayeuses des paysages normands dont il s’inspire, ce n’est pas un hasard stylistique : c’est dans l’histoire et la topographie d’une plage secrètement nichée à l’abri des regards face à la Manche qu’il puise son inspiration.
Révélé en 2020 avec un premier ep « Made to disappear » où pointe déjà une identité qui allie l’introspection et la ferveur, il continue son chemin en 2021 sur « Blow » (Mouton Noir records), dont Tsugi salue la techno « exigeante mais largement accessible ».

Un ep de remixes plus tard (MNNQNS, Matt Robertson, lui-même remixer de Björk, ou Keeper Lo : les affinités sont multiples), Roches Noires entend continuer à travailler la matière sonore comme un spectre universel entre noir et blanc, comme les morceaux épars de calcaire qui jalonnent la grève normande se teintent d’anthracite marée après marée. Les mouvements du temps qui servent d’espace liminaire à l’electronica du producteur se retrouvent dans ses montées en puissance comme dans ses phases froides et contemplatives. S’imposant en festival comme en plastique sonore au sens large (théâtre, expositions, court-métrages), cet architecte des textures a également croisé la route de Museau en featuring ou de Rone sur scène, et n’attend que de pouvoir peupler ses plages de sensations nouvelles, au rythme des vagues qui l’inspirent tant.
